TMS : Talent Management System, Plateforme de gestion des talents… L’économie digitale fait un usage abondant de la notion de talent. Pas toujours dans le sens commun, car dans les entreprises françaises talent égale souvent haut potentiel, comme le montre notamment, édition après édition, le Panorama bisannuel ANDRH-Féfaur-Cornerstone de la gestion des talents dans les entreprises françaises. Au contraire, les entreprises anglo-saxonnes ratissent plus large : le talent, c’est pour elle le potentiel de tout salarié quel que soit sa place dans l’organigramme ; c’est aussi celui de tout collaborateur externe sur fond de “gig economy”, c’est-à-dire de sous-traitance grandissante de fonctions parfois clés de l'entreprise…

À l’heure digitale, l’approche anglo-saxonne du talent est nettement plus efficiente, pour la raison que la transformation digitale d’une organisation est condamnée à l’échec si elle laisse une partie des salariés au bord du chemin… ce qui risque d'advenir dans le cas où l’entreprise se persuaderait que cette transformation, comme tout ce qui est d’ordre stratégique, est principalement sinon uniquement du ressort des responsables ou des hauts potentiels ! Digitalisation impliquant collaboration, les managers ont commencé de le constater au quotidien : il n’y a pas de transformation réussie si chacun ne s’est imprégné d’une culture digitale qui doit rayonner partout dans l’entreprise.

C’est donc à une révision drastique que les entreprises françaises doivent être appelées : généraliser la gestion des talents à tous leurs salariés. On pourrait arguer que c’est justement le rôle de GPEC. À notre avis à tort. Le talent (singulier) ne se résume pas à ses compétences (plurielles) ni à ses habiletés. Le talent, c’est ce qui permet d’improviser, d’innover dans des  situations inédites dont la rupture digitale augmente la fréquence. Imaginer qu’on peut aujourd’hui anticiper le long fleuve tranquille de la GPEC alors que les emplois à venir résident principalement dans des métiers qui n’existent pas encore est un véritable casse-tête.

Il reste qu’on peut anticiper la demande de certaines compétences-clés, moins d’ordre technique (sauf dans des secteurs en pointe comme le Coding, confère les études statistiques de Glassdoor) que d’ordre comportemental : creative thinking, communication, travail en équipe, intelligence émotionnelle, etc. On constate qu'à l'instar d'Orange, des grandes entreprises se sont engagées dans le développement de ces compétences clés pour l’ensemble de leurs salariés… Ce qui est une façon de reconnaître du talent à tous leurs collaborateurs !

Michel Diaz